Apocalypse 8,1 : « Quand il ouvrit le septième sceau, il y eut dans le ciel un silence d'environ une demi-heure. »
Le pardon est un voyage humain et spirituel. Ce n'est pas facile de pardonner, mais ce n'est pas impossible non plus. Jésus sur la croix pardonne à ceux qui le tuent.
Le pardon n'est pas un acte psychologique, mais un acte de foi. Quand nous pardonnons, nous nous libérons d'abord nous-même des chaînes du remords et du ressentiment, puis des personnes à qui nous offrons ce don.
Je pense à sainte Bakhita, d'abord asservie avec férocité, ensuite religieuse canossienne et maintenant sainte, qui écrit dans son Journal : « Si je rencontrais ces négriers qui m'ont enlevée, et même ceux qui me torturaient, je m'agenouillerais pour embrasser leurs mains, car sans eux, je ne serais pas chrétienne et religieuse maintenant. Pauvres gens, peut-être qu'ils ne savaient pas qu'ils me faisaient tant de mal. Ils étaient les propriétaires, j'étais leur esclave. Comme nous sommes habitués à bien faire, ainsi les négriers ont agi par habitude, non pas par malice. Je prie beaucoup pour ces esclavagistes, pour que le Seigneur, si bon et généreux avec moi, le soit aussi avec eux afin qu'ils soient convertis et sauvés. »
Les « ennemis » sont parfois nos meilleurs amis et les « facilitateurs » de notre salut. Un proverbe arabe dit : « Quand on te jette des pierres, c'est parce que tu es un bon arbre plein de fruits. Ils voient en toi une grande récolte. Ne te mets pas à leur niveau en leur lançant des pierres, mais jette-leur tes fruits afin que tes semences puissent les inciter à changer d'attitude ».
Le vrai pardon est un don de Dieu et en même temps un acte de foi en la miséricorde de Dieu sur la croix. En regardant Jésus crucifié, nous pouvons répéter avec lui : « Père, pardonne-leur (en nommant nos adversaires), car ils ne savent pas ce qu'ils font » (cf. Le 23,34).
Qu'est-ce qui distingue les chrétiens des païens ? En plus de la joie, le pardon. Si nous ne savons pas comment pardonner, nous ne sommes pas des chrétiens, mais des païens dans le cœur en habit de chrétien. Pardonner est certes un chemin pénible, patient, humble et exigeant, mais ses fruits sont les dons du Saint-Esprit : la paix du cœur et la joie de vivre. Le fait d'être un don pour les autres naît du sentiment intime du Pardon de Dieu.
Le problème est que, parfois, nous ne nous pardonnons pas, c'est-à-dire que nous ne nous pardonnons pas les erreurs commises. Donc, si Dieu nous pardonne, pourquoi ne nous pardonnons-nous pas ? Pardonner est un acte de confiance en la miséricorde de Dieu : de là naissent beaucoup de grâces. La Miséricorde de Dieu est le cœur de Jésus sur la croix qui crie son amour infini pour chaque personne. Le pardon est le plus grand exorcisme contre Satan et constitue un chemin de purification, de guérison et de libération.
Comment réagir face au mal irrationnel et gratuit ? En silence, sans perdre la paix de cœur, en pardonnant et bénissant ceux qui tirent comme un archer, aux ordres du malin, des flèches empoisonnées, acérées et enflammées. Jean Monbourquette, dans son livre Comment pardonner, trace un parcours en douze étapes :
I - Décider de ne pas se venger et de faire cesser les gestes offensants.
2 - Reconnaître sa blessure et sa pauvreté intérieure.
3 - Partager sa blessure avec quelqu'un.
4 - Bien identifier sa perte pour en faire le deuil.
5 - Accepter sa colère et son envie de se venger.
6 - Se pardonner à soi-même.
7 - Commencer à comprendre son offenseur.
8 - Trouver le sens de sa blessure dans sa vie.
9 - Se savoir digne de pardon et déjà gracié.
10 - Cesser de s'acharner à vouloir pardonner.
11 - S'ouvrir à la grâce de pardonner.
12 - Décider de mettre fin à la relation ou la renouveler.
Certes, dans toutes ces étapes, nous devons avoir une vision non seulement psychologique mais aussi de la foi et répondre dans nos cœurs à la question de Jésus : « Combien de fois dois-je pardonner ? Soixante-dix fois sept, c'est-à-dire toujours ». Le travail du pardon correspond aux phases du travail du deuil, mais on éprouve une résurrection et une joie indescriptibles. Du cri de Pierre naît l'Église, et de nos larmes - pas de crocodile mais de repentance - quelque chose de beau peut venir pour nous et pour les autres.
Pour Dieu, pardonner, c'est oublier. Nous, au contraire, nous traînons comme un fil à la patte la blessure saignante provoquée par l'ennemi, sans oublier. Seul un voyage de foi, fait de prière et du Saint-Esprit, peut porter remède et mettre du baume sur la plaie de la colère, du remords et du ressentiment de ceux qui nous ont offensés. Pardonner, comme aimer, est un art qui s'affine avec le temps, la patience et beaucoup de prières.
O Seigneur, je désire être toute transformée en ta Miséricorde et être ainsi un vivant reflet de toi. Que le plus grand des attributs divins, ton insondable Miséricorde se déverse par mon âme et mon cœur sur le prochain.
Aide-moi, Seigneur, à rendre mes yeux miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d'après les apparences, mais que je discerne la beauté dans l'âme de mon prochain et que je lui vienne en aide.
Aide-moi, Seigneur, à rendre mon oreille miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.
Aide-moi, Seigneur, à rendre ma langue miséricordieuse, afin que je ne dise jamais du mal de mon prochain, mais que j'aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.
Aide-moi, Seigneur, à rendre mes mains miséricordieuses et pleines de bonnes œuvres, afin que je sache faire du bien à mon prochain et prendre sur moi les tâches les plus lourdes et les plus pénibles.
Aide-moi, Seigneur, à rendre mes pieds miséricordieux, pour que je me hâte au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude [ ... ].
Que ta Miséricorde repose en moi, ô mon Seigneur ...
Il y a également ce que nous pourrions nommer l'ascèse du silence. Dans son Discours ascétique, Isaac le Syrien écrivait : « De l'ascèse du silence avec le temps naît dans le cœur un plaisir qui force le corps à demeurer patiemment dans l'hèsychia. Et nous viennent les larmes abondantes. D'abord dans la peine, puis dans le ravissement, le cœur sent alors ce qu'il discerne au fond de la contemplation merveilleuse. Il s'affine et devient comme un enfant. Et quand il se met à prier, les larmes coulent. »
93 - L'ascèse du silence atteint son degré le plus parfait dans la vie de ceux qui ont goûté cette rencontre avec Dieu par la contemplation de son visage. Il s'agit d'une forme de nudité et de pauvreté. Mais l'accès à la véritable gloire est à ce seul prix. L'ascèse du silence permet, en devenant petit comme un enfant, d'entrer dans le mystère de Dieu.
Dans le silence divin, il n'y a de paroles que les larmes, car l'homme est touché au plus profond de son âme, dans cette région de l'être où Dieu siège ; son silence est une immensité qui demande une ascèse initialement douloureuse et comportant un aspect pascal, un aspect de « vendredi saint ». Il fait couler des larmes sur nos visages. Mais bien vite nous expérimentons que la simplicité de l'ascèse engendre la pureté, le ravissement et la joie de la contemplation.
94 - Le dépouillement du silence rend l'homme semblable à un enfant : pur mais fragile, innocent et démuni. Le silence nous façonne comme le forgeron travaille un métal.
23 - Que deviendra notre monde s'il ne recherche pas des espaces de silence ? Le repos intérieur et l'harmonie ne peuvent découler que du silence. Sans lui, la vie n'existe pas. Les plus grands mystères du monde naissent et se déploient dans le silence. Comment la nature se développe-t-elle ? Dans le plus grand silence. Un arbre pousse dans le silence, et les sources d'eau coulent d'abord dans le silence de la terre. Le soleil qui se lève sur la terre nous réchauffe, étincelant et grandiose, dans le silence. L'extraordinaire est toujours silencieux.
Dans le ventre de sa mère, l'enfant grandit en silence. Quand un nourrisson dore dans son berceau, ses parents aiment à le couver du regard en silence, pour ne pas le réveiller ; ce spectacle ne peut se contempler qu'en silence, dans l'émerveillement du mystère de l'homme en sa pureté originelle.
Prière à notre-Dame du silence
O Marie silencieuse, Toi qui as tout imaginé sans parler, au-delà de toute vision humaine, aide-moi à entrer dans le mystère du Christ doucement et en profondeur, comme un pèlerin brûlant de soif qui entre dans une grotte sombre au fond de laquelle il entend couler de l'eau paisiblement. Fais que, tout d'abord, je m'agenouille pour adorer. Et qu'ensuite, je touche le rocher avec confiance, pour entrer en toute sérénité dans le mystère. Enfin, fais que j’apaise ma soif dans l'eau de la Parole en silence comme Toi. Alors, ô Marie, le secret de ton Fils Crucifié me sera peut-être révélé dans son immensité infinie, et les images et les mots tomberont pour laisser la place uniquement à l'Infini. Amen
*Sources utilisées pour le carême 2021
La force du silence, contre la dictature du bruit |
Le chemin du silence, manuel pour ceux qui cherchent le bonheur |
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