La Mère de Dieu de Vladimir est une des icônes orthodoxes les plus vénérées de Russie. Elle est considérée comme la sainte protectrice de la Russie. L'icône est exposée dans la galerie Tretiakov de Moscou. Sa fête est le 3 juin.
L’icône de Vladimir montre une mère qui serre son enfant affectueusement contre sa poitrine. Pourtant, son visage, fin et aristocratique, n’exprime aucune joie. Ses yeux profonds, remplis d’une grande tristesse, regardent droit vers le spectateur et le fascinent par leur expression mystérieuse et affligée. Le visage de l’enfant lui aussi, reflète gravité et concentration.
Luc Chrysoberges, patriarche de Constantinople envoya l'icône comme cadeau au grand-duc Iouri Dolgorouki de Kiev vers 1131. La belle image convoitée par le fils de Iouri fut placée dans le monastère Mejihirski à Vichgorod (Vychhorod) jusqu'à ce qu'Andreï Bogolioubski la porte dans sa ville préférée, Vladimir, en 1155. Lorsque les chevaux qui transportaient l'icône s'arrêtèrent près de Vladimir et refusèrent d'aller plus loin, ceci fut interprété comme un signe que la Theotokos : la Mère de Dieu voulait que l'icône reste à Vladimir. L'on fit construire la grande cathédrale de la Dormition pour abriter l'icône et d'autres églises consacrées à la Vierge dans tout le nord-ouest de la Russie.
L'image fut transportée de Vladimir à la nouvelle capitale, Moscou, pour protéger la Russie de l'invasion de Tamerlan en 1395. L'endroit où la population et le prince régnant rencontrèrent l'icône fut commémoré par la construction du monastère Sretensky. Vassili Ier de Moscou passa une nuit à pleurer devant l'icône et les armées de Tamerlan se retirèrent le même jour. Les Moscovites refusèrent alors de restituer l'icône à Vladimir et la placèrent dans la cathédrale de la Dormition du Kremlin de Moscou. Selon la tradition populaire, l'intercession de la Mère de Dieu, à travers l'icône, sauva également Moscou des hordes tatares en 1451 et en 1480.
En décembre 1941, alors que les Allemands approchaient de Moscou, Staline aurait ordonné que l'icône fût placée dans un avion qui fît le tour de la capitale assiégée. L'armée allemande commença à se retirer quelques jours après.
L'icône est une version du type Éléousa (Vierge de « Tendresse »), portant l'Enfant-Jésus se blottissant contre la joue maternelle. Ce type est devenu par la suite très populaire.
L'icône de Notre-Dame de Vladimir est parfois décrite comme exprimant le sentiment universel de l'amour maternel et l'anxiété vis-à-vis de son enfant. Au XVI° siècle, la Vladimirskaïa — comme l'appellent les Russes — devint objet de légende. La tradition de l'Église affirme que la première icône de la Mère de Dieu fut peinte par saint Luc ce qui a parfois amené à penser que l'icône de Vladimir avait été peinte au I° siècle par l'évangéliste.
L'icône de Notre-Dame de Vladimir exprime une humanité et une émotion plus profondes que les œuvres typiques de l'art byzantin de la période précédente. Elle est d'une importance considérable dans l'histoire de la peinture, car il s'agit non seulement d'un travail de très haute qualité, mais également d'une icône plus humaine d'un style nouveau qui anticipe sur la fin du style byzantin qui connut son apogée entre 1204 et 1453.
L’icône est miroir et l’homme s’y reflète.
Elle est image d’un visage et parole mystiquement dessinée.
Elle est théologie visuelle nous ouvrant sur le Mystère Divin.
Dans le silence Dieu se laisse approcher et façonner ; nous construirons l’icône selon Sa volonté.
Son "écriture symbolique intérieure" riche de significations profondes nous fera retrouver la beauté de ce monde et la bonté de son Créateur.
Le travail de l’iconographie consiste à "rendre présent" l’invisible devenu visible et non reproduire (au sens de simplement "copier") l’image qui en a été faite.
Bien entendu, les modèles anciens doivent être utilisés comme modèles et références pour le travail du dessin mais pas pour celui de la réalisation d’une icône.
Une icône est une œuvre unique et universelle* née de la Révélation.. Elle est "non faites de main d’homme", c’est-à-dire qu’elle dépasse la maîtrise de l’homme. C’est en cela qu’elle est sacrée.
Contemplons lentement l’icône de la Mère de Dieu de Vladimir
Le visage de la Vierge est empreint de chaleur et compréhension humaine. Entièrement tissée par les traits transcendants et déifiés de la nouvelle créature, son visage plein de majesté céleste porte tout l'humain, présent lui-aussi en même temps. C'est son miracle.
Comme toutes les autres icônes de Marie, elle porte l’inscription « Mère de Dieu ». C’est ce titre le plus grand jamais donné à une femme, qui donne la clé pour la compréhension de la dignité de Marie, intimement liée au mystère du Verbe qui s’est fait chair.
Le regard de la Vierge est remarquable par sa profondeur sans mièvrerie.
Il n'est pas tourné, attendri vers l'enfant comme on pourrait s'y attendre. Il accueille au contraire toute attente humaine qui le rejoint et s'y confie. Car le regard de la mère est tourné vers le spectateur
Ainsi son regard n’est pas celui d’une maman fière d’un enfant exceptionnel, mais c’est un regard qui rayonne et dirige vers nous toute la richesse intérieure de celle qui a contemplé son fils toute sa vie.
C’est un regard de foi, car Marie a conçu Dieu dans son cœur avant de le concevoir dans son corps.
Les yeux de Marie révèlent sa virginité qui pénètre son être tout entier. C’est une disponibilité totale à l’Esprit divin qui fait d’elle un instrument de la puissance créatrice de Dieu. Ainsi être vierge et mère n’est plus incompatibles, ces états se complètent et sont nécessairement liés l’un à l’autre. Marie est mère de Dieu car elle est vierge
Qui a vu cette icône, surtout l'original, ne peut jamais oublier son regard ; comme "sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur" (Lc 2,51), il garde ainsi cette vision dans son cœur pour toujours, comme la "perle" dont parle l'Évangile.
D’une main Marie serre l’enfant Jésus contre elle, pendant que l’autre se lève vers lui d’un geste délicat et respectueux, comme si elle voulait le soutenir. En même temps, c’est un geste d’invitation qui dirige notre attention vers l’Enfant. Bien que la Vierge occupe la place centrale de l’icône, sa présence est tout entière pour l’enfant. L’inclination de sa tête, le buste légèrement tourné, le geste de ses mains entourant l’enfant, font d’elle le lieu, la présence du Verbe incarné. Dans ce geste maternel s’exprime toute la vérité du dogme de l’Incarnation : Marie est vraiment mère de celui qui est vraiment Dieu.
La Mère met sur la tunique le maphorion qui lui entoure la tête (le voile, le pokrov) bordé d'un galon précieux et orné de trois étoiles, une sur le front, les autres deux sur les épaules.
Ces étoiles brillantes, sont le symbole et l’expression du dogme qui dit qu’elle est vierge avant, pendant et après la naissance de son Fils. Les étoiles sont à huit branches. Le huit symbolise le royaume de Dieu qui s’incarne en Marie.
La représentation de l'enfant est loin de l'ingénuité touchante de l'enfant Jésus. C'est le Verbe, toujours vêtu des vêtements des adultes, tunique et manteau, l'hymation : seulement sa taille indique qu'il s'agit d'un enfant. Son visage sérieux et majestueux réfléchit la Sagesse divine. Son vêtement est tout tissé de fil d'or, lumière du soleil sans couchant, couleur de la dignité divine.
Jésus n’a pas la forme d’un nouveau-né. Son visage lumineux et sa tunique dorée nous montrent qu’il est vraiment le Seigneur de tous les âges, la gloire de Dieu. Tout est lumineux en lui. Il est selon le concile de Nicée : « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. » C’est cette lueur intérieure qui approfondit l’intimité entre la mère et l’Enfant dans leur tendre enlacement.
Le visage de l’enfant ne reflète pas le bonheur d’un enfant tout proche de sa mère. Son expression est grave et ses yeux grands ouverts sont rivés sur ceux de sa mère. Ils sont remplis d’angoisse et transforment le mouvement de tendresse en mouvement de peur. Le regard de la Vierge semble lui aussi se voiler de tristesse. Car la mère connaît le sort de son Enfant. Elle sait qu’il est devenu homme pour souffrir la Passion.
Le centre de la composition se trouve à la hauteur du cœur de la Vierge et aussi au niveau du cou puissant de l'enfant, appelé "souffle", car il est le symbole du souffle de l'Esprit Saint qui repose sur le Verbe.
La composition a la forme d'un triangle inscrit dans un rectangle allongé, mystère de la Trinité inscrit dans l'être du monde. L'enfant s'inscrit dans un cercle qui évoque l'hostie. Par la géométrie, on peut dire aussi que la Vierge est pleinement humaine et harmonieuse et que l'enfant divin rayonne dans le monde.
La Vierge porte l'enfant sur le bras droit, la main gauche l'effleure à peine et semble plutôt montrer l'enfant au regard de tous. L'enfant serre affectueusement son visage contre celui de sa mère, il est tout entier dans cet élan de tendresse et de consolation. Il porte son attention sur l'état d'âme de sa Mère, c'est très visible dans le mouvement de ses yeux et cela se réfère déjà à une autre composition iconographique, celle de la sépulture : "Ne me pleure pas, ô Mère...".
L'enfant a pour sa mère le geste d'une caresse rassurante ; une main serre son maphorion, l'autre est posé tendrement sur son cou. La mère est prise par l'ombre des souffrances futures. Sa tête, légèrement inclinée vers l'enfant, adoucit sa majesté de Mère de Dieu.
Elle est image de l'Église qui porte aussi en elle le salut, tout en l'attendant encore, elle confesse et attend la Résurrection à travers la Croix.
La richesse que nous transmet l’icône de Vladimir tient à ce qu’elle manifeste la totalité du dogme de l’Incarnation. Incarnation et Passion sont une seule réalité, celle de l’Amour de Dieu. Ainsi s’explique la place à part qu’il convient de faire à l’icône de Vladimir.
Proclamée par le pape Jean XXIII symbole et patronne de l’unité des Eglises, ses reproductions et répliques accueillent les prières des chrétiens de toutes confessions qui s’adressent à elle. N’est-ce pas là le plus grand des miracles que la Mère de Dieu fasse par l’icône de Vladimir ?
Prière orthodoxe pour toutes grâces reçues Seigneur notre Dieu,
Toi qui es plein d'amour et de compassion pour Tes serviteurs, reçois leurs prières de louange et de remerciement pour les grâces innombrables que, dans Ton immense bonté, Tu as répandues sur la tête de Tes serviteurs N. et N.. Fais que, illuminés par Ton amour et fortifiés par Ta grâce, eux et nous, Tes indignes serviteurs, nous chantions Ta gloire tous les jours de notre vie; nous T'en prions, écoute-nous et aie pitié de nous.
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