Elie dit a son serviteur : “Monte donc, et regarde du côté de la mer". Il monta, regarda et dit (...) :
"Voici un nuage, petit comme une main d'homme, qui monte de la mer" (1 R 18, 43-44). Trois années sans pluie ! Seul prophète du Seigneur en ces temps, Elie avait fermé le ciel. C'était le signe que la grâce cessait de reposer sur le royaume du Nord, qui s'était tourné vers Baal. Les prêtres idolâtres furent exterminés et le peuple confessa de nouveau : C'est le Seigneur qui est Dieu l c'est le Seigneur qui est Dieu ! (1 R 18, 39). Alors pluie et grâce descendirent de nouveau du ciel.
Sur la grotte d'Elie est édifié un sanctuaire tenu par les pères Carmes. Niché sur le surplomb du mont Carmel, qui domine la Méditerranée, il offre un vaste panorama sur la ville de Haifa, la plaine Côtière jusqu'à Saint-Jean-d'Acre et les premiers contreforts du Liban.
Le lieu saint est dédié à la Vierge Marie, Étoile de la mer, Stella Maris. Un phare construit tout à côté en 1864 portait ce même nom, Étoile de la mer, lumière qui dans la nuit oriente les marins et les conduit à bon port, figure de Marie qui, par-dessus les eaux du péché et. de la mort, guide, en toute sécurité et jusqu'au royaume de son divin fils, ceux qui ont recours à son intercession.
Source Magnificat Terre Sainte
Notre-Dame du Mont-Carmel et le scapulaire (BulletiN 264 - Etoile Notre Dame)
Un petit passage par Lourdes est nécessaire... : « Jamais je ne l’avais vue aussi belle ! »
Lourdes, le 16 juillet 1858, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel. Dans la soirée, l’appel irrésistible qui ne s’est plus fait entendre depuis trois mois, pousse la petite Bernadette Soubirous vers la grotte de Massabielle. Marie ne dira rien ce jour-là ; ce sera sa 18e et dernière apparition. « Jamais je ne l’avais vue aussi belle », déclare sainte Bernadette. Mgr Théas, évêque de Tarbes et Lourdes, dans une lettre du 10 juillet 1958, pour le centenaire des apparitions, soulignera le choix du 16 juillet par Marie : « Le choix de cette date pour sa dernière visite à la grotte révèle une intention de la Très Sainte Vierge. N’a-t-elle pas voulu attirer notre attention sur la solennité du 16 juillet et nous rappeler que le vocable de Notre-Dame du Mont-Carmel est particulièrement cher à son cœur ? N’a-t-elle pas voulu aussi exprimer sa prédilection pour tout l’ordre du Carmel, sa spiritualité, ses saints, ses docteurs et tous ceux qui lui appartiennent à des titres divers ? »
Et à Fatima ?
Lors de sa cinquième apparition à Fatima, le 13 août 1917, Marie annonce aux trois enfants qu’elle apparaîtra le 13 octobre suivant et qu’ils verront Notre-Dame du Mont-Carmel. De fait, le 13 octobre, pour sa dernière apparition, la Sainte Vierge se montre aux enfants tenant en main un Scapulaire. Au mois d’août 1950, on demande à sœur Lucie, l’une des voyantes entrée depuis au Carmel, pourquoi la Mère de Dieu est apparue avec le Scapulaire du Carmel. Elle répond : « C’est parce que Notre-Dame désire que l’on porte le Saint Scapulaire ». De son côté, Mgr da Silva, évêque de Leiria, déclare que le Scapulaire fait partie intégrante du message de Fatima.
Quel est donc ce Scapulaire auquel la Très Sainte Vierge Marie attache tant d’importance ? Quelles promesses comporte-t-il ?
1. Le Mont Carmel
Comme son nom l’indique, l’Ordre du Carmel est né géographiquement au Mont Carmel, lieu marqué par la présence du prophète Élie (IXème siècle avant Jésus-Christ) dont l’histoire est relatée dans le livre des Rois (1R 17-19.21-2R 2).
C’est au Mont Carmel qu’eut lieu la célèbre dispute avec les prophètes de Baal, qui marqua la puissance de Dieu sur les dieux étrangers (cf. 1R 18).
Au début du XIIIe siècle, les ermites qui vivaient dans cette montagne, près d’une source appelée source d’Élie, reçurent leur Règle du patriarche de Jérusalem, Albert. Ce texte traduit bien l’idéal monastique que la tradition patristique a transmise à travers la figure d’Élie : celui-ci est l’archétype du moine, par sa vie pauvre, son célibat, l’épreuve du désert avant la rencontre avec Dieu.
N’ayant pas de fondateur, les Carmes ont trouvé en Élie leur guide et leur Père ; ils ont retenu comme devise ses deux cris qui résument l’idéal carmélitain : « Il est vivant le Seigneur devant qui je me tiens ! » (1R 17,1 ;18,15) et « Je brûle de zèle pour le Seigneur, Dieu de l’univers ! » (1R 19, 10.14)
A l’Horeb, après une longue marche de quarante jours et quarante nuits, avec pour seule nourriture le pain et l’eau apportés par un ange, Élie rencontre Dieu, dans le silence.
Sur la montagne de la Transfiguration, devant les apôtres Pierre, Jacques et Jean, Élie apparaît avec Moïse dans la lumière glorieuse du Christ.
A l’instar du prophète, la vocation du Carmel est de se tenir en présence du Dieu vivant, c’est-à-dire veiller dans une prière continuelle, silence et dialogue d’amour, contemplation du Dieu vivant et intercession pour le monde.
A travers la figure d’Élie, le Carmel a reçu deux notes caractéristiques : le goût de la solitude, du silence où Dieu parle au cœur et le sens de la paternité spirituelle.
2. Saint Simon Stock
En 1166 naissait un petit Anglais : Simon Stock. Chez ses parents, de très noble famille, on menait grand train, surtout à l’époque de la chasse, mais aux réceptions, Simon préférait la solitude des bois.
Simon entendait plutôt parler des grands moines auxquels l’Angleterre, l’Irlande, la France et la Germanie devaient non seulement leur Foi, mais l’instruction et la Science ; cela l’ouvrait au recueillement. A douze ans, Simon Stock s’évade et se cache dans les bois. Près d’une petite fontaine il trouve un chêne creux dont il fait sa cabane. Il vit là trente-trois ans, et ce n’est pas banal, vu son nom ou surnom : « Stock » : tronc, tas de bois. Nous disons nous aussi un stock de bois.
Dans son désert, notre ermite a pourtant des « visites »… des visites du ciel… Un jour, la Sainte Vierge, pour laquelle il a une extrême dévotion, lui annonce que les Carmes membres d’un ordre religieux consacré à Marie viennent d’arriver en Angleterre, et ajoute qu’elle serait heureuse de le voir entrer dans son ordre : l’ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Aussitôt, Simon quitte son tronc d’arbre, sa claire fontaine, et s’en va rejoindre les religieux inconnus, arrivés d’Orient.
À peine est-il Carme que Simon demande à partir en Terre-Sainte. Après six mois, de retour sur son île, en Angleterre, notre Carme n’a plus qu’une idée : par ses prières, ses pénitences, sa parole, travailler ardemment au règne de Dieu. Le protestantisme n’a pas encore divisé l’Angleterre. Elle est toute catholique-romaine, mais peut-être n’est-elle plus, comme aux tout premiers temps du christianisme, « l’île des saints ». Aux Carmes de reprendre et de continuer l’œuvre des grands moines d’Occident, fils de Martin de Tours et de Benoît… Seulement leur règle n’est pas reconnue. Qui sont ces moines d’Orient ? Quand, élu Général de son Ordre, Simon Stock demande au Pape de l’approuver, il se trouve des gens pour le dénigrer. Le Carmel est menacé dans son existence même. Il doit affronter une crise marquée par le passage d’un grand nombre de ses religieux vers d’autres ordres mendiants, franciscain ou dominicain comme le conseillait le quatrième concile du Latran (1215).
Ne sachant qui croire, le Pape prie la Sainte Vierge de l’éclairer. Elle se montre à lui et lui dit : « Accorde aux Carmes, la grâce qu’ils te demandent. (...) »
Sans plus tarder, le Pape approuve la Règle de l’Ordre du Carmel en 1226.
3. Le Scapulaire
Ainsi encouragé, Simon supplie Notre-Dame d’accorder de nouvelles faveurs : « Montrez que vous êtes notre mère ! Fleur du Carmel, Mère incomparable, par un signe sensible, donnez aux Carmes un privilège de protection ». Il disait chaque jour cette prière :
« Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Splendeur du Ciel, Vierge féconde, Unique, Douce mère, mais qui ne connut pas d’homme, aux Carmes accorde tes faveurs, Etoile de la mer. »
La Sainte Vierge paraît alors en grand cortège, scapulaire en main et lui fait don de ce saint habit. Le scapulaire des Carmes et Carmélites est une longue bande de tissu brun, avec, vers le milieu, une large ouverture pour passer la tête, de sorte qu’il retombe sur le dos et sur la poitrine. Et la Sainte Vierge de lui dire : « Reçois mon fils, ce scapulaire. Celui qui mourra revêtu de ce saint habit, sera préservé de l’enfer. C’est un signe de salut, une sauvegarde dans les périls, un gage de paix et d’alliance éternelle ».
Elle dit cela à Cambridge, le 16 juillet 1251.
Le Pape Innocent IV bénit le scapulaire et y attacha de nombreux privilèges.
Et voici que la Sainte Vierge, dans sa bonté, apparaît de nouveau ; cette fois, au Pape Jean XXII. Elle redit quel merveilleux privilège elle accorde aux Carmes par son scapulaire, et non seulement à eux, mais à tous ceux qui, de près ou de loin, font partie de la grande famille du Carmel. Elle les préservera de l’enfer et, ajoute-t-elle, « si à leur départ de ce monde ils courent vers le purgatoire, Moi, leur Mère j’y descendrai par grâce le samedi d’après leur mort et je délivrerai tous ceux que je trouverai dans le purgatoire, et je les mènerai au ciel ».
Avez-vous remarqué ? le samedi ; c’est pourquoi cette indulgence est appelée indulgence sabattine.
La première chose est de recevoir le scapulaire qui consiste pour l’ensemble des fidèles en deux petits morceaux de drap, retenus sur les épaules par un cordon. Depuis quelques années, l’Église a même permis dans certains cas de le remplacer par une médaille du scapulaire.
Bien sûr, il faut y joindre une vie vraiment chrétienne, pure, mortifiée, apostolique, et puis demander à son confesseur d’indiquer quelques prières à dire, par exemple le chapelet.
Au lendemain de la communion solennelle, dans beaucoup de paroisses, tous les enfants recevaient le scapulaire.
Le 16 juillet 1951, à l’occasion du septième centenaire du scapulaire, Sa Sainteté le Pape Pie XII a écrit au Père général des Carmes une lettre dans laquelle il lui dit : « Vêtement marial, le saint scapulaire est certainement un signe de garantie de la protection de la Mère de Dieu ».
Il faut donc remettre en honneur le port du scapulaire.
Conclusion
Faut-il dire que le Scapulaire dispense de porter sa croix chaque jour à la suite de Jésus ? certes non. Mais cet habit, qui fait de nous les serviteurs de la Très Sainte Vierge Marie, sera une source de grâces qui nous rendront plus facile les sacrifices et renoncements qu’exigent la fuite du péché et l’imitation de notre Sauveur, seul chemin qui conduit au bonheur du ciel.
Jean-Paul II : « Par l’intermédiaire du Scapulaire, les dévots de la madone du carmel expriment leur volonté de modeler leur existence sur l’exemple de Marie, la Mère, la Patronne, la sœur, la Vierge très pure, accueillant avec un cœur purifié la Parole de Dieu et se dédiant avec zèle au service des frères... » (26 juillet 1988). ●
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