Neuvaine à Notre-Dame de Liesse
A faire du 9 au 18 août
Introduction
Depuis le XIIème siècle, le petit village de Liesse de 1300 habitants, dans l'Aisne, est un important lieu de pèlerinage. Chaque année la basilique Notre-Dame de Liesse accueille quelques 80 000 visiteurs. L'église fut construite en 1134 par les Chevaliers d'Eppes, puis rebâtie en 1384 et enfin agrandie en 1480.
L'histoire de la basilique est liée à la Vierge Noire et à celle d'Isméria. La princesse soudanaise aurait sauvé de la mort trois chevaliers partis en croisade, pris à Jérusalem et emmenés en captivité au Caire. Elle les aurait aidés à s'évader, car les chevaliers lui avaient donné, par Marie, la foi au christ. Elle se convertit au christianisme et quitte l'Egypte avec les croisés, parmi eux Robert d'Eppes, qu'elle aurait épousé. De retour en France, après la mort d'Isméria, ils firent construire à Liesse une église en mémoire à celle qui les a sauvés, la princesse soudanaise.
C'est le début du pèlerinage à la Vierge Noire de Liesse. De nombreux pèlerins, dont Jeanne d’Arc et presque tous les rois de France (Louis XI, François 1er, Henri III, Louis XIII, Louis XIV), ou encore le Maréchal Juin vinrent se recueillir sur le tombeau d’Isméria, au point qu’il fallut agrandir l’église.
La statue ayant été brûlée lors de la Révolution Française, ses restes furent apportées au Québec en 1877. Elle repose désormais (en partie) dans l'Église du Gesù (Montréal).
La basilique a été épargnée pendant la Première Guerre Mondiale.
A l'heure actuelle, la Vierge Noire, patronne de tout le diocèse de Soissons demeure un haut lieu de pèlerinage de la chrétienté.
Cette neuvaine qui vous est proposée par Etoile Notre Dame, nous fera découvrir cette belle histoire de conversion et de délivrance. Que Notre-Dame de Liesse convertisse nos cœurs.
Prières quotidiennes
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Je crois en Dieu
Prière à l’Esprit-Saint du cardinal Mercier
Ô Esprit-Saint, âme de mon âme, je vous adore ! Éclairez-moi, guidez-moi, fortifiez-moi, consolez-moi. Dites-moi ce que je dois faire, donnez-moi vos ordres. Je vous promets de me soumettre à tout ce que vous désirez de moi et d’accepter tout ce que Vous permettrez qu’il m’arrive. Faites-moi seulement connaître votre volonté. Amen.
Prière à Notre-Dame de Liesse
Sois bénie Marie, Mère de Dieu, comblée de grâce, tu es Cause de notre joie !
Par ton amour et ta foi pure tu as permis à Jésus de devenir le grand prêtre que notre foi confesse.
Aujourd’hui nous te prions pour les vocations consacrées. Veille sur les jeunes hommes que Dieu appelle à devenir prêtres pour célébrer l’Eucharistie et annoncer la Bonne Nouvelle.
Servante du Seigneur, inspire ceux que Jésus appelle à devenir diacre au service des pauvres et de la charité fraternelle.
Dépose ton voile de lumière sur l’âme de celles et ceux qu’Il destine à le suivre dans la vie consacrée.
Apprends à chacune et à chacun à trouver sa place en vue de réaliser avec ses frères et ses sœurs l’Église, Corps mystique du Christ.
Notre-Dame de Liesse, protectrice de la Picardie, accueille nos prières, en ton cœur maternel, rends-nous disponibles aux appels du Seigneur et apprends-nous à répondre avec joie «me voici Seigneur !» Amen ! Mgr Renauld de DINECHIN Évêque de Soissons, Laon et Saint-Quentin
Notre Père, 10 je vous salue Marie, Gloire au Père
Premier jour de la neuvaine : Tombés aux mains de l'ennemi !
En 1134, dans le bourg d'Ascalon, à 20 kilomètres de Jérusalem, on se bat ferme.
Une troupe de vaillants croisés dirigés par Foulques d'Anjou, troisième roi de Jérusalem, défend le tombeau du Christ conquis par Godefroy de Bouillon sur les musulmans. Hardiment, ces braves Chevaliers font leur métier de soldats avec courage que renforce leur qualité de chrétiens. Ce sont, en effet, des chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Soulevés par la chaude parole des prédicateurs de France, ils se sont engagés par vœu dans l'héroïque croisade.
Hélas ! L'ennemi est en surnombre. Un corps de cavaliers pique des éperons vers les croisés, quelques-uns sont tués, d'autres blessés. D'autres encore, victimes d'un guet-apens, tombent aux mains des musulmans.
Parmi ces infortunés, se trouvent trois jeunes Français de la région de Laon. Les voilà prisonniers et bientôt emmenés au Caire, en Egypte. Enfermés dans une tour obscure, n'ayant pour nourriture que du pain et de l'eau, éloignés de leur patrie, sans nouvelles de leur mère, les voilà bien malheureux ! Ne vont-ils pas s'abandonner au désespoir ? Oh ! Non. Ils appellent Dieu à leur aide, s'encouragent mutuellement, et font contre mauvaise fortune bon cœur. Leur Dieu n'est-il pas tout-puissant ? S'il lui plaît de les délivrer, tous les musulmans du monde ne pourront l'en empêcher.
En Égypte, El-Afdhal, ravi de la capture de ces chrétiens, se frotte les mains et dit à ses marabouts : "allez voir de ma part les trois chevaliers. Efforcez-vous de les amener à se faire musulmans et je vous récompenserai".
Les envoyés pénètrent dans la prison, et avec beaucoup d'intelligence, s'efforcent de gagner la sympathie des jeunes gens en leur témoignant tout d'abord de l'intérêt. Ils en vinrent peu à peu à discuter religion. Nous pouvons nous imaginer ce que fut cet entretien :
-« Faites-vous musulmans et le Sultan vous délivrera.
- C'est nous faire acheter trop cher notre liberté, répond l'un des prisonniers
- Tu ne peux mettre en parallèle les intérêts de notre âme immortelle et ceux de cette vie passagère, ajoute l'autre.
- Quand bien même je devrais rester ici jusqu'à la mort, je ne renierai pas mon baptême, affirme le troisième. »
Cachant son désappointement sous une feinte amabilité, un marabout leur dit :
- « Ignorez-vous que le Sultan peut vous mettre aux entraves, vous torturez, vous faire mourir ?
- Ton maître fera de nous ce qu'il voudra. Nous sommes au Christ. »
Sur ces affirmations courageuses, les envoyés du Sultan tournèrent les talons et rendirent compte à El-Afdhal de ce qui se passait :
- « Tu n'arriveras pas à faire apostasier ces chiens de chrétiens ! Ils ne craignent ni les tourments, ni la mort.
- Ah ! Ah ! dit le Sultan. C'est ce que nous verrons. »
Ayant longuement réfléchi aux moyens à employer pour vaincre l'obstination de ses prisonniers, l'infidèle se dit : "j'ai une idée ! Je leur enverrai ma fille Ismérie. Elle est agréable de visage, elle ne manque pas d'esprit. Ce que mes marabouts n'ont pas obtenu par la discussion, ma fille l'obtiendra par sa diplomatie." Et il envoya chercher la princesse.
Cette jeune fille était en effet charmante, enjouée comme une enfant, intelligente, douce et aimable plus que toute autre. Entendant son père lui confier cette mission, elle répondit joyeusement : " Ne craignez rien, mon père. J'en fais mon affaire."
Prière à Notre-Dame de Liesse
O Marie, Mère de Dieu et Vierge immaculée, si bien nommée « Cause de notre Joie », répandez sur moi les bénédictions que vous tenez en réserve pour tous ceux, qui font une profession spéciale de vous appartenir.
O vous qu’on n’a jamais évoquée en vain, soyez mon soutien pendant la vie ;
Ma force dans les dangers et ma protection à l’heure de la mort afin que je puisse vous appeler encore « Cause de ma Joie » pendant l’éternité. Amen.
Prières quotidiennes
Deuxième jour de la neuvaine :
La princesse qui comptait vaincre est vaincue
La fille du Sultan pour complaire à son père s'en va dans la prison pour gagner tout de bon ces trois Chevaliers frères. Dans le cachot ténébreux, les prisonniers sont étendus. Ils échangent tristement leurs réflexions :
- « Quand reverrons-nous notre mère ?
- La reverrons-nous seulement ?
- Quand elle apprendra notre sort, elle mourra de chagrin.
- Pourquoi nous tourmenter inutilement ? Et d'abord, pouvons-nous deviner ce que nous réserve l'avenir ?
- Demandons à Dieu de nous aider
- Oui, oui. Prions aussi sa mère, et confions-nous à Elle. »
Soudain, les prisonniers sont intrigués par ce qui se passe dans le couloir. Qu'est-ce que ce bruit de pas ? Ce n'est pas l'heure de la visite de nos geôliers !
Parmi ces voix d'hommes, on entend une voix de femme.
Qu'est-ce que cela signifie?
Les jeunes gens sont bientôt fixés en voyant pénétrer près d'eux la charmante princesse. Les présentations ne furent pas longues :
- « Je suis la fille du Sultan. Vous n'ignorez pas que mon père, mécontent de votre attachement au christianisme, a résolu votre perte. Je suis venue pour vous délivrer, si toutefois vous consentez à ce qu'il désire. Et, montrant une bourse pleine d'or :
- Voyez, ceci vous appartient si vous consentez à renoncer au Christ. »
Ismérie ignore complètement la religion chrétienne, elle sait que les musulmans n'aiment pas les chrétiens, que son père les déteste. Or, il a certainement raison, comment pourrait-il se tromper ? Ce sont là tous ses arguments. Elle croit en Dieu Créateur, puisque Mahomet y croit.
La simplicité de la princesse, sa sincérité, touchent le cœur des prisonniers. Plus attendris qu'alarmés, ils lui disent :
- « Savez-vous bien ce que vous demandez ? … Sans doute, vous ignorez que ce Dieu, que vous adorez comme nous, nous a tellement aimés qu'il nous a envoyé son Fils Jésus sur la terre et qu'il s'est choisi une Mère parmi nous ? C'est la Vierge Marie. Jésus, Fils de Dieu, que vous appelez aussi prophète après Mahomet, nous a appris ce qu'il fallait faire pour aller au ciel. Il s'est laissé crucifier pour nous. Et vous voudriez que nous le trahissions ? »
La princesse stupéfaite écoute attentivement cette première leçon de catéchisme. Elle ne peut en croire ses oreilles. Elle questionne :
- « Vous me parlez de Jésus et de Marie, je voudrais les voir
- Vous les verrez plus tard si vous devenez chrétienne
- Ne pourriez-vous au moins me sculpter une image ? »
Hélas ! Les prisonniers sont des soldats et non des sculpteurs. Inspirés d'en haut, ils répondent : « - Faites-nous apporter du bois et des outils. Ismérie le leur promet. »
Notre Dame de Liesse, source et cause de toute joie, priez pour nous.
Prières quotidiennes
Troisième jour de la neuvaine : L'embarras des Chevaliers
Tandis que, toute songeuse, la princesse rentrait au palais de son père, les chevaliers se dirent entre eux :
- « Comment lui taillerons-nous cette statue ? Demandons à la Vierge Marie de nous tirer d'embarras afin que cette jeune fille devienne un jour chrétienne. »
En possession du bois et des instruments pour travailler, ils restèrent rêveurs.
-« Bah ! dit l'un d'eux. Nous verrons demain comment nous en tirer. La nuit est venue, dormons en paix. »
De nuit l'Ange de Dieu apporta dans ce lieu l'image de la Vierge. Ô prodige merveilleux ! Tandis que ses trois serviteurs reposaient sous la protection de leurs anges gardiens, la reine du ciel introduisit auprès d'eux son image rayonnante de piété et sculptée par miracle.
Voilà ce que disent les historiens : La statue était petite, de bois noir, elle représentait la Vierge tenant son Fils debout sur ses genoux.
A leur réveil, les prisonniers se virent entourer d'une éblouissante lumière qui jaillissait de la statue miraculeuse. Un parfum céleste émanait de ce bois venu du ciel. Tous trois tombèrent à genoux, vénérant cette sainte image avec une joie extraordinaire.
Dès l'aurore, la fille du Sultan se présente à la prison. A la vue de ce spectacle, elle resta figée sur place, en proie à une indicible émotion.
Les Chevaliers lui racontèrent ce qui s'était passé, leur embarras, leur prière, le miracle. Ismérie s'écria :
- « Certainement, Dieu seul a pu faire cela. Votre religion serait-elle donc la vraie ? Donnez-moi votre statue et je me ferai chrétienne. »
Les croisés avaient peine à se séparer de cette merveilleuse image. Cependant songeant que la conversion de la princesse serait peut-être le fruit de leur sacrifice, ils lui dirent :
- « Prenez-la, mais à condition qu'elle ne soit pas profanée. »
Ismérie, dissimulant le précieux objet sous ses amples vêtements et voiles, l'emporta joyeusement dans ses appartements où elle le cacha.
Prière à Notre-Dame de Liesse
O Seigneur notre Dieu, accordez à vos serviteurs les joies d’une parfaite et continuelle santé de corps et d’esprit ; et par la glorieuse intercession de la bienheureuse Marie toujours Vierge, l’exemption de toute tristesse pendant cette vie, et après notre mort la jouissance des joies éternelles.
Nous vous demandons ces grâces par Jésus Christ notre Seigneur et votre fils, lequel vit et règne avec vous en l’unité du Saint Esprit pendant les siècles des siècles. Amen.
Prières quotidiennes
Quatrième jour de la neuvaine : Notre Dame apparaît à Ismérie
La nuit suivante, Notre Dame apparut à Ismérie :
-« Aie confiance, j'ai prié pour toi mon Fils et Seigneur, il a daigné te choisir comme sa fidèle et bien-aimée servante. Tu délivreras de leur prison mes trois fidèles chevaliers, tu seras baptisée, par toi la France sera enrichie d'un trésor incomparable, par toi, elle recevra d'innombrables grâces, par toi, mon nom deviendra célèbre et plus tard, je te recevrai pour toujours dans mon paradis. »
A la suite de cette grâce, Ismérie résolut de se faire chrétienne, et pour se faire chrétienne, de quitter le pays des infidèles. Pour sauver du cachot les trois chevaliers, elle étudia un plan d'évasion qu'elle leur soumit.
Comment les gardiens se seraient-ils méfiés de la fille du Sultan ?
En pleine nuit, tandis que ceux-ci dormaient, la courageuse jeune fille fait sortit clandestinement les prisonniers. Portant sous son manteau la miraculeuse statue, elle s'enfuit avec eux à la faveur des ténèbres.
Cela fait, le petit groupe hâtant le pas quitte le Caire avec diligence dans la crainte d'être poursuivi. Tous quatre se heurtent devant la barrière du Nil. Comment le traverser ? La légende raconte qu'une barque se trouvait à proximité. Vite, les évadés y descendent, passent sur l'autre bord.
Sans s'attarder, ils continuent leur route à si vive allure que, la fatigue survenant, ils doivent s'arrêter. Ils s'étendent à l'entrée d'un bois. L'un après l'autre, les fugitifs s'endorment d'un profond sommeil.
Notre Dame de Liesse, source et cause de toute joie, priez pour nous.
Prières quotidiennes
Cinquième jour de la neuvaine : Le réveil en France
À l'aurore, la jeune fille s'éveilla la première, se frotta les yeux, ne reconnut plus le paysage des bords du Nil. Elle considéra, stupéfaite, une petite fontaine qui coulait non loin d'elle. Un berger conduisait son troupeau en s'accompagnant d'une cornemuse.
Au bruit de son chant les jeunes gens s'éveillèrent. Leur stupeur égala celle d'Ismérie. Ils interrogèrent le berger :
- « Où sommes-nous ?
- A Liance, près du château de Marchais, non loin de Laon.
- Comment ! Mais j'en suis le seigneur ! »
Liance était un hameau perdu au milieu des bois et des marécages. Liance au XV° siècle changea son nom en celui de Liesse qui veut dire "JOIE" tant la Vierge Marie, par ses faveurs, comblait de joie les pèlerins.
Tout en conversant avec le berger, les trois jeunes gens se dirigeaient vers leur château familial. Leur joie était telle qu'ils oublièrent la princesse. Celle-ci ne les voyant pas revenir eut un moment d'effroi. Déjà, elle se voyait seule dans ce pays inconnu. Aussi se mit-elle à courir après les chevaliers de toute la vitesse de ses jambes, oubliant à son tour, près de la fontaine, la statue de la Vierge.
La jeune fille rejoignit le petit groupe et continua à marcher en sa compagnie. Les voyageurs avaient déjà fait une longue route lorsque Ismérie s'écria : « Mon Dieu ! la statue !
Faisant volte-face, tous retournèrent ensemble à la fontaine, et trouvèrent la Vierge en partie recouverte d'eau. La princesse eut vite fait de la retirer de l'eau et de s'en emparer, et tous joyeusement reprirent la route du château.
En marchant, ils se confiaient l'un à l'autre :
-« La Vierge Marie nous a sauvés. Que ferons-nous pour lui témoigner notre reconnaissance ? Si nous lui bâtissions une chapelle ?" »
Prière à Notre-Dame de Liesse
Je vous confie toutes mes intentions avec l’amour d’un enfant envers sa mère.
Dans votre Sanctuaire, depuis huit siècles, grands et humbles de ce monde, vous prient sous le vocable de la joie.
Servante de Dieu, Mère de l’église, vous continuez d’exulter de joie et de chanter
les merveilles du Seigneur.
Donnez aux hommes le vrai bonheur qui découle de la foi, de l’espérance, et de la charité.
Donnez à tous la vraie paix, fruit de la docilité à notre Père du ciel et d’une vie selon l’Evangile.
Bénissez les enfants, les faibles, les malades et les affligés, les foyers, les jeunes, les travailleurs.
Aidez ceux qui cherchent à mettre sur la terre plus de joie humaine et chrétienne.
Et puisque, selon le mot de Jésus, il y a plus de joie à donner qu’à recevoir, faites nous, dans la Sainte Eglise catholique, les témoins actifs du Royaume de Dieu. Amen
Prières quotidiennes
Sixième jour de la neuvaine : la sainte Vierge veut sa chapelle
Le sol était marécageux, ils avançaient toujours, espérant trouver plus loin un terrain solide. Ils traversèrent un jardin. A cet endroit, la statue devint lourde, lourde… Impossible de continuer à la porter. Les voyageurs comprirent la signification de ce nouveau prodige :
- « C'est ici que la Sainte Vierge veut avoir sa chapelle. Elle l'aura. Nous en faisons le vœu. »
Séance tenante, la statue reprit son poids normal. Les jeunes gens, continuant leur route se disaient : « Notre mère mourra de joie en nous revoyant. Elle nous croit prisonniers en Égypte. Faisons-là plutôt prévenir doucement, qu'elle puisse se préparer à l'émotion du revoir. »
Ils lui envoyèrent un messager, et, durant ce temps, s'étendirent à l'ombre des grands arbres. La mère prévenue, tous coururent au-devant d'elle. Au milieu des effusions du revoir, ils rendirent grâces à la Vierge de leur avoir accordé une telle joie.
Les voyageurs s'étaient réveillés près d'une fontaine. Ils résolurent de bâtir, là aussi, une petite chapelle et d'y abriter la statue. Pourquoi déposèrent-ils la sainte image en cet endroit, alors que la Vierge Marie avait signifié son désir d'être honorée dans le jardin où elle s'est faite si lourde ? Ce jardin appartenait à un particulier, les chevaliers hésitèrent-ils à demander la permission au propriétaire ? Nous l'ignorons.
La statue fut pieusement placée près de la fontaine et les jeunes gens rentrèrent chez eux. Dès le lendemain, ils revinrent la visiter. O stupeur ! Elle avait disparu.
Qu'était-elle devenue ? Avec douleur on la recherche. On la retrouve dans le jardin où elle s'était faite si lourde. Les chevaliers conclurent décidément que la Vierge voulait demeurer à cet endroit, là même où, tout d'abord, ils lui avaient promis un sanctuaire. Ils firent les démarches nécessaires, et en attendant qu'une belle chapelle fut construite, abritèrent la statue dans une petite niche en branchages.
Qu'étaient leurs souffrances en Égypte ? À peine en gardaient-ils le souvenir ! Ils étaient en France, chez eux, protégés par le ciel d'une façon magnifique. Oh oui, vraiment, ils vivaient leur vie en action de grâces.
S'il faut en croire une tradition du XVI° siècle, les chevaliers étaient fils de Guillaume 1er, sire d'Eppes, qui fit une donation à l'abbaye de Saint-Martin de Laon. Ils avaient nom : Jean, Hector et Henri. On les appelle tour à tour les chevaliers d'Eppes, les chevaliers de saint Jean de Jérusalem ou de Malte. Leur mission terminée, on croit qu'ils retournèrent dans une maison de leur Ordre.
Quant à la princesse Ismérie, elle se fit instruire de la religion chrétienne, adjura le coran, reçut, avec le nom de Marie, le baptême des mains de l'Évêque de Laon, Barthélemy de Vir, le 8 septembre 1134. Elle vécut saintement près de la mère des chevaliers à Marchais, mourut jeune et fut inhumée dans le sanctuaire.
Notre Dame de Liesse, source et cause de toute joie, priez pour nous.
Prières quotidiennes
Septième jour de la neuvaine : Le premier sanctuaire
Le premier sanctuaire de Liesse aurait été construit par Barthélemy de Vir, avec les pierres qui n'avaient pas trouvé d'emploi dans la cathédrale de Laon, bâtie sur la colline avoisinante. Cet évêque bénit l'emplacement de la chapelle et donna aux bâtisseurs "une somme d'argent considérable". Le sanctuaire terminé, lui-même le consacra et l'inaugura avec une solennité extraordinaire. On peut dire qu'il fraya ce jour-là le chemin aux saints, aux rois, aux peuples qui jusqu'à nos jours devaient s'agenouiller aux pieds de Notre Dame de Liesse
La construction du sanctuaire sur le terrain de la paroisse de Marchais, dut avoir lieu quelques années après le premier miracle du pendu dépendu qui eut lieu en 1139 :
Un malheureux, Pierre de Fourcy, en proie à la misère, avait volé pour nourrir sa famille. Pris en flagrant délit, il fut arrêté et condamné à être pendu. Le voleur conduit au lieu de supplice invoqua Notre Dame de Liesse, puis courageusement accepta la punition de sa faute et s'abandonna aux bourreaux. Ceux-ci lui passèrent la corde au cou et l'abandonnèrent.
À trois jours de là, oui, trois jours ! Un berger gardant ses moutons dans les parages entendit des gémissements. Intrigué, il se dirigea vers l'endroit d'où venait la voix. Oh stupeur ! La victime vivait encore. Vite le berger coupa la corde et en hâte avertit le prévôt. Une fois sur les lieux, celui-ci apprit de la bouche du condamné ce qui s'était passé : "J'ai demandé à Notre Dame de Liesse qu'il lui plut de me délivrer. De sa main elle a soutenu mon cou, et a empêché la corde de me serrer."
On devine ce qu'une pareille miséricorde de la part de la Vierge la fit aimer des pécheurs et des malheureux.
Prière à Notre-Dame de Liesse
Parce que vous êtes le salut des infirmes, le refuge des pêcheurs, la consolation des affligés et le secours assuré de tous les chrétiens ; me voici à vos pieds pour me consacrer à vous et me mettre sous votre protection toute puissante.
Daignez me recevoir au nombre de vos serviteurs, puisque vous êtes ma Reine ; de vos enfants, puisque vous êtes ma Mère.
Je veux vous servir et vous aimer tous les jours de ma vie.
Prières quotidiennes
Huitième jour de la neuvaine : Les saints personnages venus à Liesse
Après de longues prières à Notre Dame de Liesse, une petite fille avait été accordée à ses parents en 1572. Sa maman reconnaissante l'habillait toujours en blanc en l'honneur de la Sainte Vierge. Quand la fillette eut sept ans, la mère lui mit sa plus jolie robe, l'amena à Liesse, la consacra à Notre Dame. Après quoi la robe fut donnée aux pauvres. Cette enfant devait devenir l'illustre Madame Acarie, plus tard Marie de l'Incarnation, carmélite béatifiée par Pie VI en 1791.
Les saints personnages venus à Liesse sont innombrables.
Le vénérable M. Olier, fondateur de saint Sulpice. Plus que tout, il aimait faire de fréquents pèlerinages à Liesse.
D'après les chroniques de saint Benoît Labre, le mendiant pénitent, serait aussi allé à Liesse vers 1770. Sa présence aurait été signalée par des circonstances exceptionnelles et merveilleuses. La Sainte Vierge s'y serait servie de lui pour déjouer un affreux complot qui allait dévaster le sanctuaire et détruire la statue miraculeuse.
L'éblouissant défilé des rois, des reines, des princes, des princesses…
Louis VII vint à Liesse lorsqu'il recruta les croisés, au début même du pèlerinage.
Ce fut surtout au XV° siècle que commencèrent les pèlerinages royaux. Charles VI y vint en 1414. Puis Charles VII plus tard vint supplier la Vierge de sauver le Royaume, livré presque entièrement à l'Anglais envahisseur. Jeanne d'Arc ne fût-elle pas, un peu plus tard, la réponse de Marie ?
Louis XI vint à Liesse quatre fois, il y fonda une messe perpétuelle chaque samedi.
Notre Dame de Liesse, source et cause de toute joie, priez pour nous.
Prières quotidiennes
Neuvième jour de la neuvaine : Après la Révolution
Tout n'était en France que deuils et ruines. Les familles disséminées, exilées, se reconstituaient peu à peu, mais combien de leurs membres ne répondirent pas à l'appel ! Combien avaient péri sur l'échafaud, ou dans les prisons, ou en exil, de misère ou de douleur ! Tout était à refaire dans le pays. Les monastères étaient vidés de leurs religieux. Les églises se trouvaient dans un état lamentable.
Du sanctuaire de Liesse, il ne restait guère que les murs, la place de la statue miraculeuse était lamentablement vide. C'était navrant.
Les Liessois ne perdirent pas courage. Leur statuette de plâtre était vraiment trop misérable pour trôner sur l'autel. Ils en placèrent une autre, plus grande, revêtue "d'une robe éclatante, et parée de mille joyaux". Ils placèrent sous les pieds de la Vierge les cendres de l'image primitive. Ils restaurèrent la chapelle, rétablirent autels, boiseries et l'ex-voto de Louis XIII. L'église retrouva ses offices, ses fêtes, ses joyeuses solennités, ses longs et pieux défilés de pèlerins. Marie, rentrée dans son domaine séculaire, y régna comme jadis, souriante et miséricordieuse. Les beaux jours d'autrefois renaissaient.
Le couronnement de Notre Dame de Liesse, 18 août 1857
Monseigneur de Garsignies, évêque de Soissons aimait beaucoup Notre Dame de Liesse et ne manquait aucune occasion de le lui témoigner. C'est lui qui, le 28 octobre 1851, confia le sanctuaire et l'organisation des pèlerinages aux Pères de la Compagnie de Jésus.
Une nouvelle statue de Notre Dame de Liesse, celle-là même placée actuellement sur l'autel, représentant la Vierge assise tenant son Fils fut portée solennellement au lieu de son triomphe, encensée sur le parcours par une foule d'enfants de chœur, et précédée d'un peloton de cavalerie. Huit cents prêtres en surplis, cinquante chanoines lui faisaient cortège.
Cet évêque désirait beaucoup voir couronner Notre Dame de Liesse, il s'en ouvrit à Pie IX et son désir fut agréé. Le couronnement fut décidé pour le 18 août 1857.
L'ouverture du triduum préparatoire fut annoncée par une cloche offerte par Napoléon III à cette intention. Leurs joyeuses volées se répandirent jusqu'aux extrémités de la paroisse, présage de grâces et des bénédictions du ciel.
De véritables armées de pèlerins envahirent de leurs masses pacifiques le petit bourg paisible et tous les alentours. Dans une immense prairie, une estrade dressée permit à 30 000 assistants de suivre la cérémonie.
Un tonnerre d'acclamations accompagnait sur la voie glorieuse Notre-Dame de Liesse.
Monseigneur de Garsignies couronna l'Enfant Jésus et sa Mère. Ce fut pour ce dévot de Notre Dame de Liesse une joie immense que rien ne peut exprimer. Depuis tant d'années il ne vivait que pour ce jour. Après avoir posé sur la tête de la Reine des Cieux, ce diadème d'or et de perles, il s'agenouilla et dit : "O Vierge Marie, puisse votre Fils nous couronner là-haut de gloire, comme aujourd'hui nos mains vous couronnent ici-bas ! " Puis, il consacra le diocèse, et le maire offrit à la Vierge un cierge. Un jubilé, accordé par Pie IX aux habitants de Liesse devait clore ces inoubliables fêtes.
Le culte de Notre Dame de Liesse se répand dans le monde
L'apothéose du 18 août 1857 porta la gloire de Notre Dame de Liesse bien au-delà de la France, et jusqu'en Amérique, au Japon, en Chine, à Ceylan, et à plusieurs endroits de l'Afrique : Kabara, Grimari dans l'Oubangui (République Centrafricaine), au Gabon, à Betsiléo, à Madagascar.
Naturellement, ce fut surtout en France que l'élan vers Notre Dame de Liesse, donnée par ces fêtes de 1857, multiplia les pèlerinages de la contrée. L'église trop petite fut agrandie : deux portes latérales furent ouvertes, huit chapelles construites. En neuf ans, de 1873 à 1882, on compta 400 000 pèlerins.
Le cinquantenaire du couronnement amena de nouvelles fêtes et en 1910, Pie X accorda une messe et un office propre au sanctuaire qui reçut le titre de Basilique mineure.
Liesse pendant la guerre de 1914 - 1918
Hélas ! voici l'horrible guerre, amenant avec elle les pires douleurs.
Le 1er septembre 1914 l'ennemi entre à Liesse semant la terreur et l'angoisse. Une barrière de feu sépare plus radicalement encore les "partis" et les "restés". Plus de lettres des soldats. A cette mortelle inquiétude, s'ajoute, pour les malheureux occupés les tentatives de l'ennemi pour les décourager : mauvaises nouvelles inventées, réquisitions, perquisitions, otages, travaux forcés.
Ils assaillent dans son sanctuaire la Mère de miséricorde, lui confient leurs soldats, et plus encore leur pays. Ils ne doutent pas de la victoire. La Madone voit s'agenouiller à ses pieds vieillards, femmes, enfants restés au foyer. Elle voit verser bien des larmes, entend bien des promesses. Les enfants regardent tristement autour d'eux, ne comprenant qu'à demi ce qui se passe. Ils comprennent cependant que Notre Dame de Liesse est puissante et bonne, de tout leur cœur naïf et innocent, ils la supplient de rendre la joie à leur maman en lui ramenant leur père, de ramener la joie au pays en boutant dehors l'ennemi.
La Basilique souffrit à sa manière. Ses murs, témoins des cérémonies chrétiennes si pieuses et si émouvantes, retentirent des concerts "ordonnés pour soutenir le moral des troupes allemandes". Son pavé, où s'agenouillèrent des millions de pèlerins, fut transformé en dortoir pour les soldats ennemis. Ainsi que les tuyaux des orgues et quatre cloches furent transformés en munitions.
Le bourdon de Napoléon III précipité du haut du clocher par une brèche faite dans le mur, tomba sans se briser sur la poutre et la paille préparées pour le recevoir. En dépit de ces tracasseries, Liesse tint bon. C'est que sa céleste Protectrice lui soufflait au cœur l'espérance.
Enfin, arriva le jour inoubliable de la victoire et lorsque Notre Dame de Liesse vit revenir vers Elle les Liessois évacués, Elle entendit ce jour-là, le plus reconnaissant des mercis.
Après la victoire
Chose étonnante ! Malgré les bombes et les projectiles qui quatre ans durant inondèrent le pays, détruisant des villes entières, la Basilique resta debout. Les vitraux brisés furent aussitôt remplacés, les dégâts réparés. Un peu plus tard, huit nouvelles cloches prenaient la place des anciennes et égrenaient sur la petite ville leurs notes d'allégresse. Un carillon porta bientôt leur nombre à trente.
À peine l'armistice était-il signé que les pèlerins arrivaient à pied à travers les routes défoncées, faisant parfois jusqu'à 80 kilomètres.
Bientôt, les voies de chemins de fer rétablies permirent aux foules de revenir nombreuses comme autrefois, et aux pèlerinages de s'organiser.
Le huitième centenaire (1934)
Huit cents ans s'étaient écoulés depuis 1134. Liesse cité bénie entre toutes, avait reçu d'Ismérie la statue miraculeuse. Les autorités ecclésiastiques décidèrent de fêter dignement cet anniversaire.
Bien avant la date fixée, on prépara ce huitième centenaire qui devait coïncider avec le III° congrès marial national.
Avec les fêtes religieuses, le Congrès d'Etudes mit au point un cortège historique dont la seule préparation demanda deux ans de travail. Elles furent rehaussées par la présence du légat du pape, car Pie XI avait dit : "Nous aussi, nous serons en liesse".
Liesse aujourd'hui
La basilique est une merveille pleine de reliques, de souvenirs, et d'ex-voto. Au-delà du jubé de marbre noir et de la grille en fer forgé, la Madone trône toujours au-dessus du tabernacle sur l'autel somptueusement décoré.
Notre Dame de Liesse, source et cause de toute joie, priez pour nous.
Prières quotidiennes
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