La vie de la Vierge Marie, telle qu’elle nous est présentée dans la Parole de Dieu et telle qu’elle est déployée dans les grands dogmes mariaux au cours de l’histoire, rend compte par elle-même de l’actualité de la figure de Marie à toutes les époques de l’histoire. Les apparitions de la Vierge Marie au cours du temps n’ajoutent rien à la Révélation, mais elles nous aident à incarner l’Evangile dans toutes les circonstances de la vie de notre monde. Ainsi, le sanctuaire Notre-Dame du Laus, qui se prépare assidûment à l’année de la Miséricorde, atteste que la Vierge Marie a encore bien des choses à dire à notre temps.
Marie nous aide à découvrir plus en profondeur le vrai visage de Dieu. Nous sommes toujours un peu habités par une certaine peur de Dieu ; nos éducations ou sensibilités rendent parfois difficile la libération de cette peur. Nous pouvons aussi courir le risque d’une représentation très théorique de Dieu, tant son mystère nous dépasse. A Notre-Dame du Laus, c’est tout au long des 54 années d’apparitions que Benoîte Rencurel aura à corriger ou affiner son regard sur Dieu.
C’est particulièrement la maternité de Marie qui lui a donné d’accueillir la proximité de Dieu : le Seigneur n’est pour nous ni une menace, ni un concept. Il est l’Amour qui étreint, qui rejoint, qui caresse et qui console. Tout ce que Marie offre à l’enfant Jésus est en fait le reflet de ce que Dieu Lui-même veut offrir à chacun d’entre nous : étreinte, caresse, consolation.
Ainsi, la Vierge Marie témoigne concrètement de l’attachement « maternel » que Dieu a pour tous ses enfants. Et le propre d’une mère n'est pas d'aimer ses enfants selon leurs choix de vie ou leurs égarements, mais de les aimer tels qu’ils sont.
On connaît cette belle parole du livre d’Isaïe : « Une mère oublierait-elle ses enfants ? Même si elle oubliait, moi, Seigneur, je ne t'oublierai pas ! » (Is 49,15).
Dans tous les lieux d’apparitions, me semble-t-il, la Vierge Marie témoigne de cette réalité : sa maternelle présence à nos côtés nous dit la présence indéfectible de Dieu pour notre bien véritable et pour notre salut éternel. C’est en tout cas au cœur du message du Laus.
Cette douce présence de Marie, les icônes l’illustrent de manière splendide ; on en voit certaines où la Vierge Marie caresse de sa joue la joue de son fils. Elle nous appelle alors à vivre cette même tendresse avec le Christ et avec les autres.
Avec le Christ, nous pouvons chercher à vivre davantage une relation de tendresse : le laisser être tendre avec nous, mais aussi Lui offrir une tendresse qui apaise son cœur ouvert et qui se concrétise dans la tendresse que nous pouvons donner aux membres souffrants de son corps.
Dans les apparitions du Laus, la Vierge Marie insiste sur la prédisposition essentielle à une telle tendresse : être généreux en douceur à l’égard des autres. La bergère du Laus était plutôt rustre dans ses réactions ; la Vierge Marie l’éduque à la douceur, lui disant : « si vous accomplissiez votre mission avec douceur, cela porterait davantage de fruits ».
Dans nos situations de vie familiale, dans nos communautés chrétiennes et toutes nos relations sociales, nous sommes certainement appelés à répondre à cette vocation à la douceur. Nous savons que cette capacité de douceur nous habite tous, mais nous hésitons à la laisser toujours s’exprimer. Un regard sur Marie suffit à nous convaincre que la douceur est une clé essentielle de nos relations humaines.
Avec la douceur et la tendresse, Marie nous dit aussi le choix de Dieu pour la vie : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 33,11). Marie, femme vierge qui donne la vie, témoigne dans son corps du choix de Dieu pour la vie et nous aide à défendre la vie, tellement attaquée par des lois iniques.
Mais elle nous aide aussi à faire le choix de la vie dans des situations relationnelles compliquées : lorsque, blessés par quelqu’un, nous souhaiterions le rayer de notre carnet d’adresse : « Pour moi, tu n’existes plus ! » la miséricorde du Seigneur reflétée par Marie nous appelle alors à choisir la vie. D’ailleurs, à l’origine du mot « miséricorde » on trouve le terme hébreu rahahim, qui signifie « les entrailles maternelles », le lieu où se tisse la vie. Etre miséricordieux, c’est vouloir la vie et la croissance des autres, ce dont témoignent les mères, donc à plus forte raison la Mère de tous les vivants.
Marie a aussi à dire à notre époque dans la façon de vivre le temps. Pressés de toutes parts, nous nous laissons piéger par les urgences ou détourner de l’essentiel par quantité de sollicitations. A Notre-Dame du Laus, les cinquante quatre années d’apparitions à Benoîte témoignent d’un rapport de Dieu au temps qui n’est pas le nôtre.
Et Marie, qui a consenti au projet du Seigneur en l’inscrivant dans le temps, de la conception du Sauveur jusqu’à son élévation dans la gloire, nous aide à vouloir entrer davantage dans le temps de Dieu, c’est-à-dire dans les rythmes de Dieu. Quand Marie répondit à l’ange : « Que tout se passe pour moi selon ta parole », elle n’acceptait pas qu’une mission : elle consentait aussi à ce que les événements se déroulent selon le rythme de Dieu et non selon le sien.
Marie a donc beaucoup à dire. Dans un monde qui fait des relations brutales une sorte de condition pour s’en sortir, la douce Mère du Ciel a beaucoup à dire. Dans un monde qui ne fait plus de la vie la chose la plus sacrée à respecter, la vivante Marie a beaucoup à dire. Oui, décidément, la Vierge Marie a bien des choses à dire à notre temps !
1. Sur la tendresse, on peut se référer à l’ouvrage du père Ludovic Frère : « La tendresse », éditions Artège, 2015 (à paraître).
2. Père Ludovic Frère, Je n’ai pas le temps éditions du Laus, 2013.
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