incent : Cette alchimie, ce mélange de paix, la beauté du lieu, les pèlerins, les homélies adaptées, la très belle musique, le jeûne, la prière intense…, m’aident à désintellectualiser ma foi, à descendre en moi-même et à m’approcher de Dieu. Après avoir perdu mon fils, je suis venu prier dans ce lieu. J’ai retrouvé après ce premier pèlerinage une très grande paix.
Le recteur : Le Lough Derg est un lieu de pèlerinage depuis plus de mille ans et pendant tout ce temps, sont venus d’innombrables pèlerins, parce que c’est une sorte de sanctuaire, de refuge.
C’est un endroit où ils peuvent trouver de l’espace et du temps pour eux-mêmes. Un lieu où ils peuvent entrer en contact avec leur propre réalité. Ils font l’expérience de Dieu d’une façon tout autre. Les pèlerins viennent parce qu’ils vivent des difficultés, ou pour remercier, ou pour se réconcilier, ou parce qu’ils sont en plein trouble, ou pour trouver l’apaisement, parce qu’ils sont malheureux, ou parce qu’ils veulent faire la paix avec Dieu.
Je pense que tout lieu qui peut offrir la chance de s’échapper de l’ambiance de compétition acharnée du monde et de son tourbillon d’activité, pour se retrouver face à soi-même devient et deviendra de plus en plus important.
Nuala : Il y a tant de raisons pour que la pratique de la religion n’ait pas une très grande place dans le monde moderne. Nous avons tant de distractions, de raison de dire «Je prierai plus tard», après ce programme TV. Ici il n’y a pas de téléphone, pas de lecture. Ça vous donne du temps pour penser. Finalement, au cours d’une journée normale, j’ai très peu l’occasion de penser, de réfléchir. Il n’y a qu’ici qu’on peut vraiment le faire.
Matthew : Le Lough Derg peut sembler un endroit bien curieux pour un type de tout juste 20 ans. Si on fait bien attention, c’est un endroit important. Il offre aux jeunes du temps pour réfléchir qu’ils ne trouveraient pas forcément. On vit aujourd’hui dans un monde de luxe, on dispose de tout, on peut zapper sans bouger, tout est là, fabriqué et disponible. Ici c’est tout le contraire ; ce que vous faites c’est pour vous. Vous devez le faire pour vous-même.
Vincent : Un exercice consiste à mettre les bras en croix et on renonce au monde, à la chair et au démon. Si on est logique, on peut se dire que théoriquement, une fois qu’on a renoncé à ces trois choses, on devrait rentrer chez soi et vivre comme un saint, et bien non, ce n’est pas ça. Ça rejoint la notion infinie de l’amour de Dieu malgré mes chutes à venir…
Déborah : Mon souvenir le plus fort est celui de l’aube. Celui du soleil qui commence à se lever vers 4 heures. C’était de toute beauté, impressionnant. Après je me suis dit que nous avions reçu un réel cadeau de Dieu. Des couleurs que nous n’avions encore jamais vues. C’était très émouvant, comme un opéra dans le ciel. Il valait mieux contempler. Je n’oublierai jamais. Je me suis dirigée ensuite vers le sacrement de réconciliation.
Matthew : J’ai beaucoup apprécié le temps passé sur l’île. Ça n’a pas été facile. Ce n’est pas un style de vie rêvé pour un jeune. Mais à la fin du deuxième jour, si vous avez fait tout ce qui est prévu, c’est très agréable. Vous êtes vraiment récompensé et vous avez le sentiment d’avoir vécu une grande expérience.
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