La Basilique du Sacré-Cœur est vouée à l’Adoration perpétuelle du Saint-Sacrement. Depuis 1885, des fidèles — hommes, femmes et enfants de toutes conditions et de tous horizons — se relayent dans la basilique pour réciter une prière ininterrompue, de jour comme de nuit. Appelée l'Adoration perpétuelle, cette prière est la mission que la Basilique a reçue à sa consécration : une mission d’intercession constante pour l’Église et le monde.
Charles de Foucauld passe une nuit de prière avec Louis Massignon en avril 1909 dans la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre : les statuts de son association du Sacré-Cœur furent tous déposés à Montmartre, et là les premiers Petits frères de Jésus de René Voillaume reçurent leur habit.
Depuis 1995, la congrégation des bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre assure, à la demande du cardinal Lustiger, archevêque de Paris, l'animation spirituelle et matérielle de la basilique.
À l'instigation de Monseigneur Charles, après Vatican II, Montmartre a pris progressivement une dimension nationale de réflexion et de formation afin d'apporter des réponses efficaces à la crise des années 1970. Différents mouvements d'évangélisation et de jeunesse, ainsi que des retraites spirituelles et conférences sont organisés par Mgr Charles. Une nouvelle impulsion au chemin de croix traditionnel est donnée, tandis que le pèlerinage de Chartres est relancé de manière consensuelle (à partir du noyau du centre Richelieu), enfin des cahiers théologiques vulgarisés sont diffusés, à l'exemple du père de Guérandel qui en fut un des auteurs.
Dans le cadre de la redynamisation de la foi et en réponse aux hésitations des fidèles souvent influencés par des vagues médiatiques, les mouvements de la basilique s'efforcent à cette époque de changer le regard vers les autres de toutes conditions et religions, des carrefours de rencontres et approfondissement chez l'habitant sont dirigés par le père Morand et se disséminent dans la région parisienne, puis au-delà, sont animés par des jeunes formés dans la basilique. Les fruits ont été visibles pendant la première partie du pontificat deJean-Paul II. Ces initiatives évangélisatrices, perpétuées par les successeurs de monseigneur Charles (dont Mgr de Vorges), ont marqué le rayonnement permanent de la basilique. Depuis 1995, l'accompagnement se fait de manière différente et la basilique n'organise plus de pèlerinage à Chartres. De même la communion ne se fait plus à genoux, ce qui était une particularité de la basilique jusqu'en 1995.
C'est comme une petite retraite au cœur de Paris, explique, le Père Jean Laverton, recteur de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Père Laverton, comment se passe l’adoration de nuit à Montmartre ?
L’accueil des personnes inscrites suffisamment à l’avance se fait chaque soir, au 35, rue du Chevalier de la Barre (Paris 18e) entre 20h30 et 21h45. Chacun est alors invité à choisir une heure de prière dans le relais de l’adoration, et reçoit un lieu de repos à la Maison d’accueil de la Basilique (chambre ou dortoir) pour le reste de la nuit.
Une introduction spirituelle est proposée à 21h, suivie de la Messe à 22h. Le matin, les portes de la Basilique sont ouvertes dès 6h, pour ceux qui doivent repartir au travail de bonne heure. Pour ceux qui ont plus de temps, une première Messe est célébrée tous les jours à 7h à la chapelle de la Vierge. Un petit-déjeuner est ensuite proposé à la Maison d’accueil, avant l’Office du matin à 8h.
De cette manière, la nuit d’adoration permet à tous ceux qui le souhaitent de vivre dans une durée assez courte un véritable ressourcement spirituel auprès du Seigneur, comme une petite retraite au cœur de Paris… !
Pouvez-vous revenir sur le sens de cette prière d’adoration ?
L’adoration eucharistique continue est la grâce unique de la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Jour et nuit depuis le 1er août 1885,la Basilique présente à la grande ville et aux hommes du monde entier le Corps sacré du Christ : présence et signe du plus grand amour, donné sans réserve, pour que tous puissent venir y répondre. Il est là, présent, offert, dans le dialogue intérieur de la prière. Il demande notre présence à Sa Présence, pour établir en nous Sa vie.
L’adoration devrait être le mouvement fondamental de l’homme qui se tourne vers son Créateur, vers son Dieu et Père, source de tous les biens, pour remercier, rendre grâce. Car nous le savons bien : si, souvent, nous profitons des dons que Dieu nous fait, à commencer par le don de la vie, nous ne remontons pas toujours jusqu’au Donateur, en rendant grâce de ce que nous recevons. Et c’est bien cela le grand débat intérieur de notre existence : vivre comme des fils, qui savent d’où ils viennent et où ils vont, qui reçoivent tout de leur Père, qui se tournent en action de grâce vers Lui, ou bien au contraire, en rester aux dons que Dieu nous fait : prendre et profiter des dons en en usant uniquement selon notre bon vouloir, en nous fermant sur nous-mêmes.
Le Seigneur Jésus, Lui, a toujours agi en Fils, en faisant de toute Sa vie une louange, une adoration à Son Père, jusqu’à s’offrir librement dans l’amour sur la Croix. Toute sa vie n’a été qu’« Eucharistie », action de grâce, adoration. Et c’est cet acte, ce sacrifice d’amour, qui est rendu présent à chaque célébration de la messe. C’est au Christ que nous nous unissons dans l’offrande eucharistique : « Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père tout puissant dans l’unité du Saint Esprit tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. ». Puis dans l’adoration, dans le silence de communion, dans le regard porté sur son Corps Sacré, nous continuons à nous unir à Lui. Nous nous unissons à Lui afin de faire de notre vie une offrande au Père, afin de vivre comme Lui en fils : « Ma nourriture (c’est à dire au sens fort, ce qui me fait vivre), c’est de faire la volonté de mon Père. » (Saint Jean 4, 34). Il veut nous conduire vers Son Père, la vie en plénitude, la vie éternelle : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Saint Jean 14, 6).
L’enjeu de ce cœur à cœur avec le Seigneur est donc une profonde attitude de foi, de présence à Dieu, où l’on se tourne vers le Père, où l’on laisse descendre en soi l’attitude filiale s’offrant comme fils dans le Fils unique, prolongeant ainsi dans l’adoration l’acte essentiel du Christ rendu présent à chaque célébration de la messe, puisqu’elle est une Eucharistie, c'est-à-dire une offrande, une action de grâce au Père pour le salut du monde.
L’adoration est toujours en lien avec l’acte de la messe qui rend présent le sacrifice de la Croix où le Christ s’offre dans l’amour. Dans le dialogue intérieur de l’adoration, le croyant se laisse aimer et remet sa vie, et dit aussi son amour pour le Christ ; avec ses pauvretés et ses fragilités, il se confie entre les mains de son Père, afin de pouvoir à son tour se donner dans l’amour : « Ceci est mon corps donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » (Saint Luc 22,19) c'est-à-dire vous célèbrerez l’Eucharistie mais aussi vous vous donnerez dans l’amour : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Saint Jean 15,12)…
Invitation pour nous à poursuivre cette longue chaîne d’adoration, à venir devant le Seigneur comme des veilleurs, des « sentinelles de l’Eucharistie » qui présentent leurs prières et qui portent aussi en leur cœur les intentions, les souffrances et les joies de cette foule immense de la grande ville qui est là, autour de nous. Venir demeurer auprès du Christ : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. » (Saint Jean 15, 5)…
Nous sommes créés pour l’amour : tout l’amour que notre cœur est fait pour recevoir, tout l’amour que notre cœur est appelé à donner, c’est là la plénitude de notre vocation ; créés à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est Amour. C’est pourquoi nous venons demeurer auprès de Lui, avec Lui. Il nous appelle à prendre du temps avec Lui dans la prière, temps pour Le regarder, temps pour L’aimer, temps pour se laisser regarder par Lui, temps pour scruter notre cœur et se laisser aimer par Lui, temps pour devenir plus vivants.
Au milieu de multiples activités et préoccupations, nous venons goûter le silence en particulier de nuit dans la grande Basilique où dans le cœur à cœur, dans notre présence à Sa Présence, nous trouvons Dieu et nous nous retrouvons nous-mêmes. Nous redécouvrons l’Amour qui nous a créés, l’Amour qui nous dit ce qui est vraiment important dans une vie d’homme, ce qu’il est beau et grand de vivre, ce qui nous donne la vraie joie.
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